Histoire de L’Ancienne-Lorette

« Fut de Lorette un conquérant, Sans perdre haleine, Québec autant… »

L’Ancienne-Lorette, ayant été le berceau de notre famille, il convient d’en relater un peu l’histoire.

En 1667, le sieur Robert Giffard de la seigneurie St-Gabriel concéda aux Révérends Pères Jésuites la concession St-Gabriel du comté de Québec. Les Jésuites décidèrent bientôt de diriger de ce côté les Hurons qui étaient depuis 20 ans établis sur la côte St-Michel, aujourd’hui Ste-Foy, et qui voyaient leurs champs épuisés par la culture. Les Hurons se rapprochèrent ainsi de la forêt et des terres encore vierges en plaçant leur bourgade sur un côteau près de la rivière Lorette.

La mission des Jésuites s’employa aussitôt à bâtir la maison de Dieu. C’est dans une hutte sauvage, appelée cabane de Jacques-Cartier, que fut célébrée la première messe à L’Ancienne-Lorette en 1673. Dès l’année suivante, le Père J.-Marie Chaumonot, chef de la mission, aidé par environ 200 chrétiens hurons et quelques français, bâtit la première « église » de L’Ancienne-Lorette, appelée chapelle des Sauvages ou Bourg-Marie, tableau fidèle de la vieille Lorette d’Italie.

Cette chapelle d’environ 20 pieds de largeur, 40 pieds de longueur et 25 pieds de hauteur fut pour une bonne part construite avec des briques transportées de la côte de Beaupré en chaloupe jusqu’à Sillery, puis de là jusqu’à L’Ancienne-Lorette en hiver à l’aide de chiens. La chapelle fut placée au centre d’un carré de treize cabanes semblables à celle de Jacques-Cartier, tout près de l’endroit où se trouve l’église actuelle de Lorette.

La chapelle fut aussitôt ornée de la Madone de Lorette, réplique de celle qui est vénérée dans la Santa Casa à Lorette, en Italie. Cette madone fut envoyée au Père J.-M. Chaumonot directement d’Italie en 1673 par son confrère le Père Poncet, qui était venu au Canada en même temps que lui et qui avait presque subi le martyre chez les Iroquois.C’est dans cette chapelle que furent baptisés les trois fils de Jean Gauvin, desquels nous descendons tous : Étienne, le 1er juin 1676; Pierre, le 17 juin 1684; et Jacques, le 16 mai 1690.

Bourg-Marie devint un lieu célèbre et eut parmi ses visiteurs monsieur de Frontenac, monsieur de Champigny, la vénérable Marguerite Bourgeois… De toutes part l’on y venait en pèlerinages (voir les Relations des Jésuite).

L’Ancienne-Lorette ne devait pas être la demeure permanente des Hurons. Pour des raisons mal connues, ils diront adieu à leur chapellede la Vierge et aux ossements de leurs pères 25 ans plus tard pour aller s’établir à la Jeune-Lorette où ils ont encore aujourd’hui une Réserve. C’est de leur départ en 1698 que le territoire de Bourg-Marie est devenu pour les Canadiens-français Notre-Dame de l’Annonciation de L’Ancienne-Lorette.

Suivant une vieille légende, les Hurons en quittant Bourg-Marie auraient apporté avec eux la madone de Lorette, mais celle-ci serait revenue de nuit à son lieu de prédilection, où les Français, parmi lesquels se trouvaient évidemment notre ancêtre et sa famille, l’aurait accueillie avec joie et placée dans une niche au haut de la façade de l’église.

Le regretté Frère Marie-Victorin, dans ses « Récits Laurentiens », rapporte qu’à un moment donné un rosier a poussé aux pieds de la Vierge, dont les racines en croissant ont fissuré la base de la niche. C’est alors que le dénommé Pierre Gauvin, aidé de son fils Mathias, se serait improvisé maçon, mais avec une adresse discutable, puisque l’échelle aurait cassé et Pierre dans sa chute se serait fracturé une jambe. L’histoire ne dit pas quand la réparation a pu être complétée.

Un fait reste certain, la madone orne encore aujourd’hui l’église de L’Ancienne-Lorette et fait l’orgueil de ses paroissiens.

Mais revenons à la chapelle de Bourg-Marie. Celle-ci, devenue rapidement trop petite, fut remplacée vers l’an 1700 par une église en pierre avec un transept dédié à la madone C’est dans cette deuxième église que Jean Gauvin a eu ses
funérailles, puisqu’il est mort en 1706.

À son tour, cette église fut remplacée par une troisième en 1837-38, puis par le magnifique temple actuel en 1907.