Le long voyage

« Traversa mer branli branlant,
Puis remonta le Saint-Laurent,
Et vit d’un coup l’Cap Diamant… »

Comment s’est effectuée la traversée?
Pour s’en faire une certaine idée, écoutons un de nos historiens :

… « Alors même que tout allait pour le mieux, la vie à bord offrait tous les caractères d’un martyre à petit feu… Le plus grave ennui était la durée du séjour en mer, qui pouvait se prolonger jusqu’à quatre mois. Les traversées de 20 à 30 jours prenaient figure de record inespéré… La maison ambulante à laquelle il fallait confier sa vie pour une aussi longue période offrait un confort très limité. Les voiliers anciens étaient de dimensions modestes et très mal adaptés au service des voyageurs. Tout se trouvait entassé pêle-mêle dans ces navires trapus qui tenaient convenablement la mer, mais qui obéissaient aux flots avec une condescendance que les estomacs des terriens ne parvenaient pas à partager!… »
(Abbé Albert Tessier : Ceux qui firent notre pays.)

Mais quand cela allait moins bien? Qu’il suffise de noter que pour le convoi de colons ramenés par Pierre Boucher en 1662, la mort y fit près de 40 victimes.

Aussi pouvons-nous sans crainte d’erreur imaginer la joie de Jean Gauvin pénétrant, enfin!, dans le majestueux fleuve Saint-Laurent, puis apercevant, sur les hauteurs du Cap-Diamant, les toits fumants de la jeune colonie québécoise.