Le mariage
Quand apparut la belle Magnan,
Jeune de seize ans, les yeux brillants… »
Un colon de la Nouvelle-France ne pouvait se payer le luxe du célibat. Aussi, le 22 octobre 1665, trois ans après son arrivée au pays, Jean épousait à Québec Anne Magnan, « fille de deffuncts Simon Magnan et Anne….., ses père et mère de la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois à Paris. » À noter l’ignorance chez l’épouse du nom patronymique de sa mère. Serait-ce l’indice qu’Anne, orpheline, fut élevée par des étrangers (dans une institution, par exemple), avant de passer en Nouvelle-France pour servir d’épouse à un des colons?
Il fut malheureusement impossible d’obtenir des renseignements additionnels, car suivant le témoignage de monsieur l’abbé M. Bourrit, curé de Saint-Germain-l’Auxerrois, toutes les archives et les registres paroissiaux antérieurs à la révolution de 1789 ont été perdus. Analogie frappante, l’abbé Bourrit, curé actuel de la paroisse où est née Anne Magnan, est originaire de La Rochelle.
La veille de leur mariage, les deux promis avaient, en la Maison des Révérends Pères Jésuites de la basse-ville de Québec, fait leur contrat par devant M. Pierre Duquet, Notaire Royal, et en présence de Louis Le Vasseur et de sieur Étienne Blanchard, marchand de La Rochelle, témoins soussignés.
Voici un court extrait de ce contrat de mariage :
… « Furent présents en leurs personnes Jean Gauvin… et Anne Magnan…, lesquels de leurs bon grez et volontez recognurent et confessèrent avoir fait leur traité et promesse de mariage ainsy qu’il en suit. C’est à savoir que le dit Jean Gauvin a promis et promet prendre la dite Anne Magnan pour sa femme et légitime espouse, comme aussy la dite fille le promet prendre pour son vray et légitime espoux. Iceluy mariage faire et solemniser en face de nostre mère Ste Église Catholique, Apostolique et Romaine le plus tôt que faire se pourra… »
La future épouse déclara « ne savoir escrire n’y signer », contrairement à son fiancé qui écrivit très lisiblement : Jehan Gauvin, comme il le fera dans les contrats subséquents, avec la différence que cette forme archaïque de Jehan sera remplacée par l’orthographie plus moderne : Jean.